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    Sébastien, éleveur dans le Pays Basque
    Dès l’installation, comment améliorer mon système ?

    Sébastien s’est installé en 2007 en GAEC avec son père. Ils ont 350 brebis et produisent 55.000 l de lait vendus et 3.500 l transformés ainsi qu’un atelier de 28 bovins viande. Parti au départ pour agrandir les troupeaux, Sébastien a saisi l’opportunité de reprendre en 2009 la ferme du lycée agricole voisin. Cela l’a amené à revoir tout son système et à s’interroger sur les améliorations possibles en terme d’autonomie alimentaire et de temps de travail.

    Une installation différente du projet de départ

    J'avais le projet de m’installer sur la ferme avec mon père et d’augmenter les troupeaux de brebis et de vaches pour en tirer 2 revenus. Avec la reprise de la ferme du lycée en plus, cela a changé complètement l’exploitation. Nous nous sommes retrouvés avec une surface plus importante, une bergerie, des classes à accueillir sur la ferme du lycée, une unité de transformation... Il a fallu passer à une gestion plus extensive et faire face à une charge de travail importante. Ce n'était pas facile, alors je suis allé en formation.

    Vivre de son métier d'agriculteur et de sa passion

    L’objectif de mon installation est de pouvoir vivre à deux, de développer l'entreprise et se dégager du temps libre. Ce qui m’a déplu dans le passé, ce sont les journées interminables et les factures d'approvisionnement qui tombaient tous les mois et qui nous rendaient malades car on pouvait être plus autonomes. De plus, la mise-bas pendant l’hiver nous laissait peu de temps libre.

    La remise à plat du fonctionnement de l’exploitation

    Faut-il abandonner les vaches avec des prix qui ne se maintiennent pas ? Si on les conserve faut-il investir dans un bâtiment ?
    Faut-il se spécialiser en ovins lait pour produire plus parce qu’on adore la génétique, sachant qu'on se retrouve en pleine crise en brebis laitières ?
    Dans notre façon de produire l’alimentation, nous maitrisons mal l'autonomie et nous sommes dépendants des fournisseurs : au niveau des intrants, on achetait toujours autant sans réfléchir. Que faut-il faire ?
    On a l’opportunité de la fabrication fromagère mais c’est difficile de faire face au travail à fournir (salle d’affinage, clientèle).

    Les changements ont été raisonnés à partir de témoignages et de visites chez d’autres éleveurs

    - 1re visite chez un agriculteur qui a abandonné le maïs ensilage et a amélioré son autonomie alimentaire.
    J'ai trouvé des idées en diversifiant les sources d'énergies, avec des céréales. Nous sommes dans une démarche d'AOC donc à terme l'ensilage sera arrêté et par conséquent il faut s'y préparer. Je me suis reconnu dans tout ce que l’agriculteur disait.

    - 2e visite chez un agriculteur autonome en fourrage avec la mise en place de culture de luzerne avec séchage en grange.
    Nous voulons gagner en autonomie en essayant la culture du méteil. J'ai pu voir le séchage en grange qui me plaisait à l'époque mais qui a un coût à l'investissement très important. On ne peut pas décider de le faire sur un coup de tête, il faut avoir un projet durable.

    - 3e visite chez un éleveur qui a décalé l'agnelage de l'automne au printemps.
    Pour nous, c’est limite de décaler l’agnelage au printemps car nous avons les travaux des champs, la fenaison... surtout avec un parcellaire morcelé.

    Des idées échangées pour mûrir et avoir d’autres perspectives sur l’exploitation

    Après chaque journée de formation, j’ai beaucoup parlé avec mon père : nous nous sommes orientés vers l'amélioration de l'autonomie alimentaire en mettant en place 1 ha de méteil, en introduisant des trèfles dans les prairies et en faisant tourner les pâturages. On va voir si c'est payant.
    La filière ovine étant incertaine, nous avons conservé l’atelier bovin. Le coût d'alimentation n’est pas très élevé car les vaches sont beaucoup dans la montagne. C'est surtout une charge de travail l’hiver. Alors nous avons construit une stabulation libre pour des conditions de travail acceptables même si la conjoncture est défavorable.

    La réflexion en groupe a fait ressortir qu'il y avait beaucoup de travail et qu'il fallait laisser des choses de côté

    J'étais parti pour des changements radicaux mais mon père, avec son expérience, a réussi à me convaincre d'aller doucement dans les manœuvres. J'ai fait des concessions, lui aussi. Ce n’est pas toujours facile d'être souple.
    Au niveau du travail, mon père et moi, on n'est pas sur la même longueur d'onde. Lui, il continuerait toute la nuit. Moi, j'ai des activités, des amis... C'est bien beau de foncer mais il faut arriver à se libérer du temps. Notre objectif n'est pas d'être esclave de notre travail. On est toujours en train de faire évoluer le système, il n’est pas encore stable au niveau économique et la problématique du travail n'a pas évolué sur l'exploitation pour l'instant.

    Témoignage d'une formatrice de l'Afog qui a construit la formation ici.