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    S'approprier de nouveaux enjeux en collectif et réfléchir à sa propre stratégie

    D'où vient ce thème ?

    Les agriculteurs se trouvent parfois dans des situations pour lesquelles il n’est pas évident de prendre du recul et de décider. Le choix peut impacter leur quotidien, leurs pratiques, leur revenu… et aller ou non dans le sens de leurs valeurs. Les participants aux Journées Gestion ont participé à 3 mises en situation, où plusieurs possibilités ont été testées :


    - La coopérative m’incite à augmenter ma quantité de lait et je sens que mon associé ne partage pas la même vision que moi (l’un y voit une opportunité et l’autre une charge de travail sans revenu supplémentaire) : quelle décision prendre ?

    - Le jour où des saisonniers nous laissent tomber, un prestataire de service nous propose des saisonniers étrangers dont les conditions de vie semblent très précaires : doit-on accepter vu l’urgence ? ou refuser car cela ne correspond pas à nos valeurs ?

    - Une collègue qui vend ses produits au même magasin de producteurs que moi est toujours en retard le jour de sa permanence car elle est seule sur la ferme et débordée : comment fixer des règles communes que l’on peut tenir sur la durée ? quelle place de l’individu dans les projets collectifs ?
    Ces situations nous ont interrogé sur comment arbitrer entre valeurs et réalités économiques             quand elles ne vont pas dans le même sens.

     


    Les AFOCG proposent aux agriculteurs d’échanger sur ces nouveaux enjeux lors de formations collectives. L’intérêt est de s’approprier les évolutions du contexte en groupe pour mettre des mots sur ce qu’ils perçoivent et pour partager des pistes de solution, la décision finale revenant à chacun.

    C’est le cas par exemple sur l’évolution de la PAC dont les aides représentent un enjeu important pour les agriculteurs (en zone de montagne, 20 à 40% du chiffre d’affaires). Au Pays-Basque comme en Mayenne, une majorité des adhérents sont des éleveurs donc sont directement concernés par les évolutions de la PAC. Ces 2 AFOCG ont proposé des formations sur la PAC pour anticiper, dédramatiser et permettre à chaque agriculteur d’être autonome pour se repérer, s’informer et prendre des décisions en connaissance de cause. Les formations sur la PAC ont permis de partager leur lecture du contexte, d’apporter et de traiter des informations en groupe, de voir l’impact chez chacun et d’étudier les différentes possibilités pour la ferme au regard de ses propres objectifs.

    Témoignage de 2 agriculteurs (Philippe et Frantxua) sur les formations concernant la PAC :

    « La formation PAC est un moment intéressant pour réfléchir aux fondamentaux de nos fermes, pour mettre en question les choix, de travailler les tiraillements (est-ce que je suis obligé de faire comme le voisin ?). Cela va plus loin que la déclaration PAC. C’est l’occasion de s’interroger si on n’est pas en train de s’écarter de sa stratégie d’exploitation. Et les collègues nous interpellent parfois. »

    « Le travail en groupe a été important pour moi car les informations sont remontées par plusieurs canaux et ça permet de croiser les informations. Faire de la veille, arriver à gérer les tensions et avoir une vision de son environnement, cela me donne des billes pour aller là où je veux aller et non là où me mènerait une PAC qui déciderait pour moi. Pour moi, les aides PAC ne doivent pas orienter les choix de production sans tenir compte des objectifs du chef d’exploitation. Il ne fait pas déconnecter PAC et décisions sur la ferme. Par exemple, autour de moi, je constate que les fermes augmentent, mais pour quel revenu ? Je ne me vois pas m’agrandir, laisser de côté ma vie de famille : je ne vais pas mourir sur l’exploitation. Je préfère passer plus de temps dans la famille, en conciliant vie professionnelle et vie de famille, en délégant certaines tâches… Je fais 85% de mon quota, je ne me vois pas augmenter ma production demain. Par contre, j’essaie d’être le plus économe et autonome en intrants, j’implante les cultures dont j’ai besoin plutôt que de les acheter. »

    « J’ai choisi de m’approprier la nouvelle PAC, en voyant les contraintes comme une chance pour faire bouger mon système d’exploitation. Cela ne sert à rien de tout prendre en négatif ou de croire comme certains nous le disent que c’est trop compliqué pour nous. Pour ça, on peut aller chercher l’information, en groupe et avoir une méthode pour analyser notre situation. Remplir sa déclaration PAC, c’est une responsabilité mais ça fait partie de notre métier. Avec l’AFOCG, j’ai des clés de compréhension pour vérifier les points principaux et je sais que c’est possible de rattraper une petite erreur si besoin. Il faut être prêt à assumer les engagements écrits dans la déclaration et à répondre aux questions du contrôleur. »

    Ce qui a été mis en place dans les Afocg :

    Ramuntxo, animateur-formateur à l’Afog du Pays-Basque :

    « L’objectif des formations sur la PAC est l’autonomie des agriculteurs et qu’ils puissent maîtriser ce qu’ils déclarent. En 2014, une sensibilisation a été faite dans les groupes d’agriculteurs sur les évolutions à venir, sans attendre qu’elles ne soient toutes connues (aspect macro, enjeux, logiques en présence et traduction sur les exploitations. Cette action a été complétée par une information continue (via la formation, la lettre d’info…).En 2015, nous avons mis en place 2 demi-journées de formation avec un temps d’information sur l’instruction en cours et des échanges (réflexion de chacun en lien avec ses objectifs et son environnement). Un chiffrage a été fait mais il ne représente qu’une séquence de la formation. Après la formation, les déclarations PAC pouvaient être faites en groupe, pour s’extraire de la ferme et la faire à tête reposée. L’Afog s’est appuyée sur la DDTM pour certaines questions ou points à vérifier et sur l’ASP. Pour nous, intervenir sur la PAC contribue à la veille et à accompagner les agriculteurs dans leur réflexion. En 2016, nous avons apporté des informations sur les règlements définitifs (règles, calculs, paiements…).»

    François, animateur-formateur à l’Afoc Mayenne :

    « Nous avons 9 groupes de 15 agriculteurs qui travaillent 2,5 jours par an sur la PAC ou d’autres aspects règlementaires. Cela permet de réfléchir à l’inconnu/connu, de calculer les aides découplées, de voir s’il y a continuité ou changement, d’avoir des témoignages de contrôles PAC qui ont pu avoir lieu et de se rendre compte de l’instabilité des marchés. Nous sommes dans une posture de responsabilisation : ce n’est pas à l’Afoc d’apporter toutes les infos. Nous incitons les agriculteurs à croiser les informations avec 2 sources différentes pour bien les vérifier au vu des enjeux que les aides PAC représentent sur les fermes. Nous faisons une mise en perspective sur plusieurs années, voire plusieurs programmations PAC. Cela aide les agriculteurs à prendre conscience si ils sont sur de grandes ruptures ou de petits arrangements. Cela permet de relativiser ou de prendre conscience du niveau d’enjeu. »

    Pour approfondir

    Note de veille sur la PAC faite en 2015