La posture du cédant pour faciliter l'installation

    En Auvergne, Véronique a transmis sa ferme (15 vaches laitières, 15 génisses, 45 ha situés à 900m d’altitude, fabrication de fromages) à Raphaël dans le cadre d'une transmission progressive, de 2007 à 2010. Elle a su se montrer à l'écoute et intégrer Raphaël dans le travail et dans le village, tout en étant prête à lui laisser complètement les rênes quand il s'est senti prêt.

    Témoignage de Raphaël, le repreneur

    « Assez rapidement, Véronique a été favorable à ce que je prenne des responsabilités. Elle m’a laissé très rapidement prendre en main la partie élevage. On parlait sur certains choix mais je faisais un peu à ma façon. Sachant que j’avais assez peu d’expérience auparavant donc j’étais bien en train d’apprendre. C’était ma 1ere expérience pour élever des bêtes. J’avais besoin de sa présence mais elle me laissait faire par moi-même pour que j’apprenne. C’était quelque chose d’intéressant, elle ne m’a pas dit : 'c’est comme ça que ça se fait'. Je créais ma propre expérience.
    Je participais un peu à la vente et à la transformation mais j’avais beaucoup moins de responsabilités. Sur la partie fromage, on a passé beaucoup plus de temps ensemble : elle m’a appris tout ce qu’elle savait.
    Ce qui est très important je pense, ce n’est pas que sur l’aspect technique : à chaque fois que quelqu’un venait ou qu’il y avait une opportunité d’aller voir quelque chose, elle me faisait connaître. C’est un accompagnement important qui a duré les 3 ans. Je devenais quelqu’un de connu auprès des propriétaires, des voisins, de ses amis. »

    Témoignage de Véronique, la cédante

    « C’est un grand bonheur d’avoir pu transmettre tout le travail que nous avons fait avec mon mari pendant 20 ans. Et même si ça n’a pas toujours été facile dans cette transmission, ça fait beaucoup de remise en cause, c’est très intéressant aussi pour la progression de chacun dans sa vie personnelle, d’avoir appris à transmettre ce qui a fait une grande partie de ma vie et de m’en détacher complètement en confiance avec le repreneur et de continuer à vivre en bonne harmonie dans le village où je suis chez moi. J’ai essayé d’intégrer très vite Raphaël dans le contexte local, avec les voisins avec lesquels on travaillait, dans la CUMA pour le matériel, dans les organisations locales, le côté vie associatif sur le secteur. Il s’est intégré très vite, très bien. Je lui ai confié le maximum de responsabilités sur la ferme, assez rapidement.
    La balle, on la passe en ayant le souci qu’il la rattrape, qu’il la tienne bien et il faut aussi savoir juger le moment où il va bien la tenir et où moi je vais la lâcher et lui laisser en faire ce qu’il souhaite. »