Dans mon groupe, chaque agriculteur du groupe est arrivé avec sa question :
• Quand je rends la monnaie, est-ce que je dois arrondir au centime inférieur ou supérieur ?
• En tant que femme d’agriculteur et pas agricultrice, qu’est-ce que j’ai comme valeur ?
• Comment réclamer quand quelqu’un me doit des sous ? A partir de quand je dois dire : « je te rends service mais là cela demande une compensation financière »
• En AMAP, comment appréhender le prix juste pour les différentes parties prenantes (agriculteur, consommateur, les deux) ?
Toutes ces questions ont été abordées sous l’angle de la relation que nous avons à l’argent.
La première étape de notre travail a consisté à faire une carte d’identité économique qui reprenait : le patrimoine professionnel et personnel avec ses différentes composantes ; le revenu annuel ; les prévisions d’héritage ; la différence entre revenu et dépenses et nos sentiments par rapport à l’argent.
Nous nous sommes ensuite chacun représenté par rapport à l’argent. J'ai dessiné un billet qui vole et moi à côté, assez détachée. Pour moi, l'argent est un outil de travail, j’en ai besoin pour fonctionner en société. Je me sens assez généreuse et pas radine. J'ai le souci du prix juste pour mes produits, dans l'idée de gagner ma vie avec mon travail et de faire comprendre aux gens pourquoi j'ai fixé ce prix-là. Cela m'aide de pouvoir expliquer la construction du prix. Il y a des gens qui négocient mes produits et ça me gêne car je ne vais pas marchander les produits d'autres producteurs. Ce travail permet aussi de relativiser : dans le groupe, une agricultrice a culpabilisé pendant des années d'arrondir au centime supérieur alors qu'en faisant le calcul sur une année, cela ne représentait rien au final. Du coup, elle va mieux maintenant.
Je voulais clarifier mon rapport à l’argent, surtout vis-à-vis des autres, avoir plus de tolérance. Pour moi, le rapport à l’argent n’était pas vraiment un problème, mais j’étais en attente de pouvoir mieux communiquer sur ce sujet avec les autres, de trouver des compromis dans la négociation. J’ai compris que ce rapport touchait beaucoup aux valeurs individuelles d’où la difficulté de cette notion de prix juste au-delà du calcul mathématique juste !
On a tous des valeurs différentes liées à notre histoire, notre éducation... On a besoin de comprendre pourquoi on est comme ça pour se sentir à l'aise avec ses décisions. Je pense à l'AMAP où il y a beaucoup de négociations déjà entre producteurs. Il faut accepter que les visions des autres soient différentes des nôtres. Quand il y a une décision à prendre en GAEC, il y a négociation ou tolérance pour que chacun trouve son équilibre. Cette formation fait travailler sur soi car ça amène un besoin de respect vis-à-vis des autres. Grâce à la formation, je suis plus tolérante.
- L'agriculture est un secteur d’activité qui relève du secteur primaire (parfois dévalorisé) et qui nécessite beaucoup de capitaux.
- Certains produits agricoles sont sous l'influence de la PAC et du marché, d'autres uniquement du marché (avec les risques de spéculation).
- La fonction des agriculteurs qui est celle de « nourrir la population » est noble mais cela pèse vers une baisse des prix pour être accessible à tous.
- Il existe une confusion fréquente entre l’argent professionnel et l’argent privé
- Le revenu d'un agriculteur n’a pas la même signification que le revenu d'un salarié
- Le « travail facturé » est parfois déconnecté du travail fourni
- Il y a différentes formes de métiers d'agriculteurs et donc différentes pratiques autour de l'argent : vente directe, secteur organisé (coopératives et privés), intégration...
- « Obligation » de prévoir, d’épargner, de s'assurer pour anticiper les aléas climatiques ou sanitaires
- L'agriculteur doit entretenir son outil de travail. Place importante de la transmission du patrimoine et place dans la société.
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